Anse dufour
Attention : faille spatio-temporelle. Ce petit village de pêcheurs niché au creux d’une anse de rêve offre un voyage à remonter le temps. Tout semble figé quarante ans en arrière.
Le plaisir d’une escapade à l’Anse Dufour et à l’anse Noire voisine commence au sommet du morne Bigot quand il s’agit d’emprunter le mauvais ruban d’asphalte qui serpente sur les flancs de la ravine et descend parfois abruptement vers le rivage. Quelques arbres majestueux, des maisons isolées, un hameau, beaucoup de tournants, quelques cahots, et puis d’un coup, au détour d’un virage, une longue descente rectiligne plongeant vers l’océan avec une vue panoramique somptueuse sur la mer Caraïbe et ses eaux turquoise.
Aux pieds de l’éperon rocheux sur lequel s’achève la route, cachée par un rideau d’arbres, se devine à travers les branches une petite crique au sable doré devant laquelle paressent au mouillage quelques barques de pêche. Un escalier et une rampe pour les personnes en fauteuil permettent d’y accéder.
En contrebas, quelques cabanes de pêcheurs serrées les unes contre les autres sur la gauche, deux bars restaurants à l’ambiance surannée sur la droite, et puis la plage, petite mais superbe avec ses gommiers en équilibre sur leurs rondins, toujours prêts à partir vers le large.
Protégé par les parois rocheuses délimitant la crique, le plan d’eau est calme, l’eau transparente. Tant mieux, car ici les fonds marins sont réputés. De nombreux poissons tropicaux évoluent le long des rochers, et il n’est pas rare d’observer des tortues marines s’aventurer à l’entrée de l’anse. (Des tortues qui pondent d’ailleurs régulièrement leurs œufs sur la plage voisine de l’anse Noire.)
Relativement peu fréquentée en semaine (hors vacances scolaires), l’anse Dufour s’anime en fin de journée avec le retour des gommiers partis pêcher à la senne. Une méthode de pêche ancestrale toujours pratiquée le long des côtes caraïbes de la Martinique consistant à attirer puis à capturer les poissons dans un grand filet d’abord tendu entre deux barques avant d’être refermé sur lui-même pour emprisonner ses proies.
Le week-end c’est par contre une autre histoire. Îliens et touristes débarquent en masse profiter de la magie du lieu. Au point qu’il est difficile de se faire une petite place sur le sable… à condition d’avoir eu la chance auparavant de pouvoir garer son véhicule.
Et pourtant … ce cadre de rêve ne doit pas tout à la nature. Bien sûr, les éléments essentiels étaient déjà là. La courbure, le sable fin, l’eau transparente oscillant entre le vert et le bleu, le rideau d’arbres pays, la vue …
Mais aux yeux des promoteurs du tourisme des années 1950, quand la Martinique commençait à s’ouvrir à ce marché, il manquait quelque chose d’indispensable pour séduire les visiteurs.
Des cocotiers ! Et encore des cocotiers, pour ne pas décevoir leur imaginaire et mieux correspondre au cliché de la plage tropicale parfaite, forcément bordée d’arbres majestueux sous lesquels suspendre son hamac.
Alors au milieu des raisiniers et des mancenilliers moins photogéniques on en planta des centaines.
Venir :
Au sommet du Morne Bigot sur la D7 entre l’Anse à l’Ane et la Grande Anse d’Arlet prendre la petite route qui descend vers l’Anse Dufour et l’anse Noire. Trois kilomètres plus loin, vous y êtes. Petit parking sur la pointe rocheuse séparant les deux anses, et s’ils sont pleins, possibilité de stationner sur le bas-côté de la route.